D'après les sciences cognitives, il existe plusieurs modes de rappel volontaire, qui ont une efficacité inégale :
- le rappel libre : c'est une question générale, sans indice (ex : la question "qu'avons-nous appris la dernière fois ?" en début de cours) ;
- le rappel par reconnaissance : c'est un test qui permet à l'élève de choisir parmi des propositions pour répondre à une question (ex : utilisation de Plickers avec 4 réponses au choix autour de la question "qu'avons-nous vu la dernière fois ?") ;
- le rappel indicé : c'est une question guidée avec un indice qui ne constitue pas un élément de la réponse, mais un repère permettant d'évoquer la réponse (ex : une image accompagnant la question "qu'avons-nous vu la dernière fois ?", qui évoque la notion-clef étudiée).
"Nous avons constamment besoin de récupérer des informations depuis nos différents systèmes de la mémoire pour penser et agir. Cela peut être de façon involontaire, les automatismes surgissant spontanément, ou de façon volontaire, comme c'est très souvent le cas dans le monde scolaire : tests, contrôles, résolution de tâches. Sonder les mémoires sémantique et épisodique est la seule manière de vérifier que l'information est bien présente et quel est son degré d'accessibilité. [...]
Pour récupérer une information, le cerveau utilise des indices de rappels, qui sont l'équivalent d'une adresse ou d'un étiquetage. Si l'information existe effectivement en mémoire, son accès dépend du nombre et de la qualité des indices associés. [...]
Il suffit parfois d'un indice pour récupérer l'information. Le prénom d'une personne peut faire surgir le nom que l'on avait peine à donner. Sans indice, le cerveau peut mettre un temps long pour faire émerger la notion. Si l'on sait que le prénom est le même que celui de son propre père, l'indice de récupération est tout trouvé."
(Jean-Luc Berthier et Frédéric Guilleray, Apprendre à mieux mémoriser.
Former, Entraîner, Optimiser, 2020, Nathan, collection Du labo à la classe, Paris, 200 p.)
Ainsi, parmi les trois principaux types de rappel volontaire de l'information en mémoire, le rappel indicé (qui propose quelques indications-repères, sans être des éléments de la réponse attendue) favorise les temps de récupération des connaissances dans l'entrée en classe, qui précèdent la mise en activité. C'est pour cela que les sciences cognitives incitent à l'utilisent d'indices de récupération dans les fiches de mémorisation active.
L'efficacité des trois modes de rappel présentés ci-dessus dépend de la maîtrise des élèves par rapport à l'information à récupérer. Autrement dit, ces modes de rappel sont inégalement efficaces selon que l'élève soit au début de l'apprentissage (question avec rappel par reconnaissance), en cours d'apprentissage (question avec indice de rappel) ou à la fin de son apprentissage (question avec rappel libre).
Afin de favoriser les premiers apprentissages en termes de vocabulaire et de connaissances, des rappels par reconnaissance sont mis en place (voir le billet présentant le principe des "Voca-Mémo" pour le vocabulaire de la géographie, de l'histoire et de l'E.M.C.). De plus, un rituel mettant en place un rappel libre, à partir d'un temps de lecture de la leçon à la maison en autonomie, est également mis en place (voir le billet présentant le principe du livret "Ce que j'ai appris").
Ce post permet de présenter la mobilisation du dernier mode de récupération des informations dans sa mise en place en classe de géographie, à travers les indices de récupération. Ainsi, la mobilisation des trois modes de récupération permet de proposer aux élèves le passage progressif au cours du temps d'un mode de rappel simple à un mode de rappel plus difficile, comme proposé par le site Sciences cognitives dans la fiche "L'utilisation des modes de rappel".
Pour chaque séquence, l'élève dispose d'une planche constituée de plusieurs encarts nommés "indices de récupération". Pour les compléter, en classe, il dispose d'une fiche d'aide qui lui permet de connaître l'ensemble des expressions qui complètent ces encarts.
L'indice de récupération est symbolisé sous la forme d'un pictogramme, qui fait référence à des panneaux dans la classe, à des fiches-méthodes ou à des pictogrammes utilisés dans les fiches d'activités. Le pictogramme est montré en classe lors des tests ou insérés dans les évaluations. De plus, les élèves à besoins éducatifs particuliers (E.B.E.P.), notamment les élèves U.L.I.S. ou U.P.E.2.A. (allophones) disposent de la planche non complétée pendant les évaluations, les aidant davantage à récupérer les informations.
Pour donner un exemple concret (ci-contre), la séquence portant sur l'introduction à la mondialisation en classe de 4e est accompagnée de 4 encarts présentant les 4 temps de cette séquence sous la forme d'indices de récupération :
- le raisonnement géographique (savoir-faire),
- la mondialisation : description et répartition (connaissances),
- la mondialisation : facteurs de l'inégale répartition (connaissances),
- la mondialisation : conséquences (connaissances).
Le premier encart présente les trois étapes du raisonnement géographique. Chacun des 3 autres encarts remobilise une étape de ce raisonnement, dans l'ordre. Le pictogramme associé à chacune des étape est remobilisé pour servir d'indicateur-repère pour permettre à l'élève de se situer dans le raisonnement géographique.
Ces pictogrammes sont présents sur l'ensemble des séquences, pour marquer le raisonnement géographique et servir d'indices de rappel de ces trois étapes. De même, ils sont mobilisés dans les évaluations, notamment pour permettre aux élèves d'organiser leurs développements construits en géographie à partir de ces trois étapes (un pictogramme figurant au début de chaque paragraphe du développement). Enfin , dans la salle de classe, trois panneaux rappellent, chacun, l'une des étapes avec le pictogramme et le questionnement (où ? pourquoi ? conséquences ?).
Parallèlement, d'autres indices de récupération sont présents sur ces encarts : les pictogrammes associés aux connaissances sont les mêmes que ceux utilisés sur les fiches d'activités, permettant aux élèves de repérer et de réactiver les connaissances acquises lors de ces activités. Ainsi, les activités économiques, les atouts/contraintes comme facteurs de leur inégale répartition dans l'espace et les conséquences de l'inégale intégration des territoires dans la mondialisation sont évoqués par le biais de pictogrammes pour faire le lien entre les études de cas et les connaissances qui en découlent.
L'affichage en classe renforce les indices de récupération : les pictogrammes sont montrés au moment de la reprise en classe à partir du livret "Ce que j'ai appris". Ainsi, les pictogrammes assurent leur rôle d'indicateurs-repères qui permettent la récupération des informations-clefs de la séance précédente en début de cours.
Les pictogrammes ne sont, évidemment, pas les seuls modalités pour créer des indices de récupération. Ils peuvent parfois se heurter à la difficulté de représenter des concepts abstraits. Ce choix n'est donc pas modélisant : les indices de récupération peuvent être des mots, des images, des gommettes, des initiales, des rimes, des syllabes, des sons, des éléments mêlant plusieurs formes (ex : pictogramme et mot), etc.
Pour que le rappel soit efficace, il faut ainsi combiner multi-associations et réactivation. "L’établissement de liens multiples lors de l’apprentissage favorise à coup sûr le rappel. En particulier lorsque l’association est qualifiée de forte : exemples significatifs, liens de contrastes, images. D’où les vertus des cartes heuristiques avec icônes ou signes personnels. La réactivation régulière et les reprises. Ce professeur universitaire qui relit régulièrement ses cours pour les avoir frais à l’esprit." (Fiche "Les techniques de rappel", site Sciences cognitives). Les indices de récupération ne peuvent donc suffire en tant que tels. Ce qui apparaît nécessaire n'est pas tant la forme de l'indice de récupération, mais sa mobilisation, son explicitation et sa répétition en classe, pour qu'il prenne sens comme indicateur-repère dans la mémoire des élèves, qui pourront ainsi l'identifier comme un "liant" entre la connaissance attendue et la connaissance mémorisée.
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