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Une démarche pour les séquences en géographie : de la découverte à la fiche de mémorisation : un exemple en classe de Seconde générale et technologique

La proposition présentée ici s'appuie sur de nombreuses influences :

  • la feuille de route / le plan de travail, tels que proposé par Freinet et réapproprié notamment dans les classes inversées ;
  • les ateliers autonomes, soutenus par une table d'aide (au sens d'étayage apporté par des outils matériels consultables par les élèves en toute autonomie) et par une table d'appui (au sens d'Alexia Forget, qui propose de regrouper les élèves dans un espace éphémère en fonction d'un besoin commun, sans reprise orale commune interrompant l'activité de tous les élèves).

Il s'agit d'une réappropriation personnelle, hybridant l'ensemble de ces propositions, pour proposer un déroulé "à ma sauce", mais ces influences sont majeures.

 

 

Petite précaution sur le vocabulaire didactique employé avant de poursuivre : 

Il peut y avoir, parfois, un décalage entre le lexique pédagogique employé dans cette présentation et le lexique employé sur les documents à destination des élèves. En effet, dans les documents des élèves, pour créer une continuité et des repères forts, qui guideront les élèves vers plus d'autonomie face à la démarche déployée et éviteront une surcharge cognitive, je ne distingue pas, par exemple, "feuille de route" et "plan de travail". Tout au long de l'année, lorsque j'utilise ces dispositifs, je les nomme, pour les élèves, "plan de travail" de manière unique. Il ne s'agit pas de nier la différence, importante lorsque l'on discute entre professionnels, mais de constater qu'elle n'apporte pas d'intérêt pour les élèves, pour qui les différences ne constituent pas un frein à la mise en activité.

Les temporalités de la séquence

 

La séquence est découpée en trois temps :

  • le temps de la découverte : il s'agit de faire découvrir aux élèves les essentiels à connaître et savoir mobiliser dans cette séquence ;
  • le temps de la consolidation et de l'approfondissement : par la mise en activité, les élèves manipulent les essentiels, à travers des activités de type "études de cas" et des ateliers ;
  • le temps de la mémorisation : un temps en classe est consacré à la mémorisation, à partir d'ateliers autonomes.

 

3 Points Puzzle Infographic Graph par Benedicte Tratnjek

LE TEMPS DE LA DÉCOUVERTE :

 

Ce temps est, lui-même, découpé en deux temps :

  • une activité préparatoire hors la classe : celle-ci consiste à permettre aux élèves de vérifier qu'ils ont les prérequis pour la séquence à venir, et de leur permettre, si besoin, de les travailler pour les consolider.
  • un temps d'écoute active sur les essentiels : s'inspirant ici de la démarche du cours-noyau, il s'agit de prendre le temps avec les élèves de découvrir les essentiels, en termes de connaissances et de vocabulaire, de la séquence. En s'appuyant sur une fiche à compléter mettant en exergue les trois étapes du raisonnement géographique afin de proposer aux élèves de se l'approprier en le visualisant et en le manipulant systématiquement,

 

 

L'activité préparatoire me semble encore plus essentielle au lycée (général et technologique comme professionnel) qu'en collège, puisque plus les élèves avancent dans leur parcours scolaire, plus les inégalités d'accès aux contenus se creusent en fonction de leur maîtrise totale, partielle ou très fugace des prérequis. Cette activité s'inspire de la pratique des classes inversées, sans en reprendre tous les tenants, puisqu'il ne s'agit pas de découvrir tous les essentiels avant la classe et hors la classe, mais de consolider les prérequis essentiels avant de commencer. La découverte des essentiels, elle, se fait en classe sous la forme d'écoute active avec une fiche-élève qui sert de guidage.

 

Ce temps s'inspire fortement des cours-noyaux proposés par l'académie de Rennes, sans en reprendre, ici aussi, toute la démarche. Tout d'abord, les sous-thèmes ne sont pas ici fusionnés à l'intérieur d'un grand thème. Si cela peut me convenir pour certaines parties des programmes au collège ou au lycée, cela me gêne sur certaines thématiques, principalement par crainte de "perdre" les élèves en créant des malentendus cognitifs entre tous les essentiels. Cela a une forte incidence sur la démarche : l'intérêt de la fusion proposée par les cours-noyaux est de créer un temps conséquent pour étudier un thème, plutôt que le découper en plusieurs parties. Cela permet de proposer des temps longs de consolidation et d'approfondissement. Néanmoins, dans le cas précis du thème 2 du programme de la classe de Seconde générale et technologique sur "Territoires, populations et développement : quels défis ?" présenté ici à titre illustratif, il me semble périlleux (peut-être à tort), pour que tous les élèves comprennent les essentiels, se les approprient et la manipulent, de mêler les trois sous-thèmes. À l'inverse, cela me semble adapté à des thèmes comme le thème 2 de la classe de 5e portant sur "Des ressources limitées, à gérer et à renouveler" afin d 'éviter les redondances, et de bien faire ressortir la question de l'inégale accessibilité aux ressources (par-delà la seule question de leur inégale répartition). Pour résumer, je ne fusionne pas systématiquement les thèmes pour pouvoir agencer le temps en cours-noyau comme dans la démarche proposée par l'académie de Rennes. Cela dépend des essentiels identifiés en amont.

 

Ce temps se conclut par une courte activité, permettant aux élèves de se positionner face aux essentiels, dans laquelle il s'agit de se tester sur leur compréhension des essentiels à la suite de l'écoute active. Je reprends ici l'idée d'une phase d'appropriation proposée par l'académie de Rennes dans la démarche du cours-noyau, sans toutefois y passer le même temps (ce qui n'est pas permis dès lors qu'on ne fusionne pas tous les sous-thèmes d'un thème).

 

 

 

LE TEMPS DE LA CONSOLIDATION ET DE L'APPROFONDISSEMENT :

 

Ce temps est plus "classique", puisqu'il s'agit de mettre les élèves en activité. Afin de respecter les rythmes de chaque élève sans faire "traîner" une activité pour que tous les élèves avancent dessus avec une reprise collective ou sans, à l'inverse, forcer le temps en faisant la reprise peu importe si tous les élèves sont parvenus à avancer dans l'activité, les activités sont proposées sur un temps long de plusieurs séances, avec un ordre laissé au choix, et une distinction entre activités obligatoires, activités facultatives et activités obligatoires à choisir entre deux parcours (consolidation ou approfondissement). Ainsi, tous les élèves doivent réaliser plusieurs activités de consolidation, qui visent à manipuler à une échelle locale ou régionale les essentiels vus à l'échelle mondiale dans le cours-noyau.

 

Pour se repérer dans leur progression, les élèves disposent d'une fiche (toujours nommée "plan de travail" pour les élèves, mais qui peut prendre la forme, selon les séquences, d'une feuille de route ou d'un plan de travail, en fonction des activités choisies, des méthodes transmises, des essentiels identifiés).

 

Dans la mesure où l'ordre des activités est libre, les élèves disposent, dans la salle de classe, d'outils de guidage ou d'étayage, qui leur permettent d'avancer sur les activités en autonomie. Parmi les "incontournables" de la table d'aide où sont disposés ces outils, on trouve :

  • la boîte à questions qui propose aux élèves un étayage sous forme de questions afin de les aider à comprendre les activités sans leur dire "fais ainsi"),
  • les fiches-méthodes à disposition toute l'année dans des panneaux et consultables par les élèves à leur table,
  • les fiches d'auto-correction qui sont disposées au tableau et que les élèves peuvent consulter sans avoir leur cahier ou un crayon en main (afin qu'ils viennent comprendre la correction sans la recopier sans réflexion).

Selon les activités, d'autres outils peuvent être mis à disposition sur la table d'aide. Celle-ci est complétée par une table d'appui (au sens d'Alexia Forget) où je regroupe des élèves (pas forcément celles et ceux qui travaillent ensemble) par besoin pour leur apporter une remédiation, en groupe restreint, sur ce qui les "coince" dans leur avancée dans l'activité.

 

Pour l'activité nommée "atelier", qui fait partie des activités obligatoires, les élèves doivent choisir entre deux parcours :

  • le parcours "consolidation" leur permet de s'entraîner à nouveau à un exercice proche de celui pour lequel ils seront évalués lors de l'évaluation sommative qui fera le bilan de leur acquis en fin de séquence ;
  • le parcours "approfondissement" qui questionne les élèves sur les essentiels en termes de connaissances à partir de documents plus complexes ou plus nombreux.

 

 

LE TEMPS DE LA MÉMORISATION :

 

S'il ne s'agit pas de faire croire aux élèves que tout sera appris, retenu et "digéré" en classe (puisque la répétition espacée est essentielle pour une mémorisation efficace dans le temps), il s'agit de ne pas reporter toute la mémorisation hors la classe, afin d'accompagner les élèves dans leur appropriation progressive des stratégies d'apprentissage efficace. Ainsi, la séquence est clôturée par un temps de mémorisation en classe.

 

Ce temps fonctionne en ateliers autonomes. Si dans mes premières années dans le secondaire, j'avais opté pour une démarche présentant un outil de mémorisation par séquence, je ne procède plus de cette façon aujourd'hui. J'ai sélectionné quelques outils qui sont présents et manipulés pendant les phases de mémorisation de toutes les séquences. Le nombre d'outils manipulés par les élèves est donc plus restreint, mais la démarche vise une réelle appropriation de ces outils dans le temps long, davantage que la multiplication des outils. Il ne s'agit pas de restreindre les possibilités des élèves, mais davantage de leur permettre d'être autonomes avec quelques outils, plutôt que "saupoudrer" l'existant en ne les mobilisant que sur une ou deux séquences. Ainsi, les élèves disposent d'ateliers autonomes parmi lesquels ils trouvent :

  • pour le vocabulaire : la boîte à mots constituée de flashcards sur le vocabulaire essentiel, accompagnée des fiches de vocabulaire illustré, avec du matériel à disposition pour construire son propre jeu de flashcards ou son répertoire du vocabulaire (un outil que je présenterai prochainement) : ces outils en classe sont accompagnés d'un outil numérique sur le site accompagnant le cours, avec la liste du vocabulaire accessible sous différentes formes (flashcards, Q.C.M., mots à relier à leur définition, etc.) (voir la liste associée à l'exemple proposé dans ce billet) ;
  • pour les connaissances : une fiche de mémorisation inspirée des fiches de mémorisation active dont elle reprend le principe sans ajout systématique des indices récupérateurs (cela dépend des thèmes abordés, mais il m'est parfois difficile de trouver des pictogrammes pour représenter des concepts théoriques (par exemple l'accessibilité pour les ressources, l'adaptation pour le peuplement, etc.), et je trouve le résultat parfois artificiel : je me restreins donc en fonction des séquences), accompagnée d'un fichier d'auto-correction (avec le même principe que ceux du temps de consolidation/approfondissement, c'est-à-dire un affichage au tableau vers lequel les élèves viennent de manière libre, autant de fois qu'ils le souhaitent, mais sans cahier ni crayon) ;
  • pour le raisonnement géographique : des fiches "indices de récupération" associés au thème étudié dans la séquence, permettant aux élèves de manipuler les trois étapes du raisonnement géographique ;
  • pour les méthodes : un mémo des consignes et un cahier des méthodes, associés à des exercices d'entraînement, dans lesquels apparaissent les balises de remédiation guidant les élèves vers les fiches-méthodes ciblées (les élèves trouvent également des exercices sous forme numérique pour s'entraîner hors la classe, sur le site du cours, avec le même principe de renvoi, par les balises de remédiation, vers les fiches-méthodes adéquates).

 

 

 

=> Sans prétendre servir de modèle, cette proposition permet d'illustrer comment s'approprier différents outils, différentes démarches, et de les combiner pour proposer un dispositif qui convienne à la fois à l'enseignant(e) et à ses élèves.

Les fiches pour les élèves

TEMPS DE LA DÉCOUVERTE

TEMPS DE LA CONSOLIDATION ET DE L'APPROFONDISSEMENT

TEMPS DE LA MÉMORISATION


Activité préparatoire n°3 (2GT) par Benedicte Tratnjek

Cours-noyau n°3 (2GT) par Benedicte Tratnjek
PLAN DE TRAVAIL n°3 (2GT) par Benedicte Tratnjek

Activité n°3a (2GT) par Benedicte Tratnjek

Activité n°3b (2GT) par Benedicte Tratnjek

Activité n°3c (2GT) par Benedicte Tratnjek

Activité n°3d (2GT) par Benedicte Tratnjek

Activité n°3e (2GT) par Benedicte Tratnjek
Fiche d'objectifs n°3 (2GT) par Benedicte Tratnjek

Fiche de mémorisation n°3 (2GT) par Benedicte Tratnjek

Fiche Vocabulaire n°3 (2GT) par Benedicte Tratnjek

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