Dans les programmes scolaires en géographie, le termes "développement", "développement durable", et désormais "objectifs de développement durable (O.D.D.)" sont très présents. Ce sont à la fois des notions de la géographie scolaire et des paradigmes sociétaux dans lesquels se sont construites d'autres notions.
Ainsi, pour le présenter de manière schématique, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l'amélioration des sociétés est pensée par le prisme du développement, c'est-à-dire par l'idée que la croissance économique est le vecteur de l'amélioration des conditions de vie. Depuis les années 1990, ce paradigme a progressivement laissé place à celui du développement durable, pour lequel l'amélioration des sociétés doit intégrer la protection de l'environnement, critère qui n'était pas, dans le paradigme du développement, un vecteur d'amélioration des sociétés. La pensée évoluant, les notions de la géographie scolaire ont aussi évolué. Dans les années 1980, les chapitres portant sur la croissance économique découpait le monde en "pays développés" face au "tiers-monde" et aux "pays sous-développés". Ces deux derniers termes ont disparu de la géographie scolaire, parce qu'ils ne sont plus opérants pour décrire les manières dont les sociétés se pensent elles-mêmes. Ainsi, en les regardant à travers les paradigmes actuels, il apparaît connoté de jugement de valeur (par exemple, le terme de "pays sous-développés" sous-entend que ces pays n'ont pas su se développer, donc sous-entend que seul le modèle "occidental" de développement est souhaitable).
À partir des années 1990, émerge le paradigme du "développement durable". Ce dernier n'est pas seulement une notion de la géographie scolaire, il est aussi un cadre de pensée pour l'action politique, à toutes les échelles. Il est important de critiquer l'opérabilité des trois piliers de ce paradigme, notamment en proposant aux élèves de découvrir d'autres schémas tels que la fleur du développement durable qui intègre deux autres dimensions : le pilier culturel et la dimension de la gouvernance (voir notamment l'article de la géographe Anne Jégou montrant l'évolution du concept de développement durable en géographie : Anne Jégou, 2007, "Les géographes français face au développement durable", L'Information géographique, vol. 71, n°3/2007, pp. 6-18) ou en leur montrant que les actions concrètes d'aménagement du territoire qui s'appuient sur les trois piliers mettent, le plus souvent, en avant deux piliers de manière exclusive, en oubliant l'un des piliers (le plus souvent le pilier social, comme par exemple dans le cas des éco-quartiers qui peinent très fortement à créer de la mixité sociale au détriment des populations les plus pauvres). Néanmoins, on ne peut ignorer que le développement durable conçu comme l'interaction entre les trois piliers économique, environnemental et social est le cadre de l'action publique, notamment en termes d'aménagement du territoire.
Il peut être utile de présenter aux élèves le "développement durable" non comme une notion "neutre" qui permet d'analyser des faits géographiques, mais comme un paradigme (sans nécessairement recourir à ce mot !). À cette fin, voici deux manières de présenter l'évolution de la pensée du développement au sortir de la Seconde Guerre mondiale aux O.D.D., en intégrant d'autres propositions qui n'ont su s'imposer dans l'action politique, mais qui ont eu de l'influence, voire qui peuvent émerger comme des alternatives voire des contestations de la manière d'aménager le territoire.
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