Des infographies pour intégrer les expatriés dans l'enseignement de la géographie des migrations

La question des déplacements d'individus est au coeur des programmes scolaires, avec le thème "Se déplacer" en cycle 3 (classe de CM2), celui des "Mobilités humaines transnationales" en cycle 4 (classe de 4e), celui des "Mobilités généralisées" au lycée général et technologique (classe de Seconde) et celui des "migrations internationales" au lycée professionnel (situation possible dans le thème 1 de la classe de Première). Enseigner les déplacements nécessite une grande maîtrise du vocabulaire géographique (et notamment en ne confondant pas "mobilités" et "migrations", notamment par l'emploi de la très malencontreuse expression de "migrations pendulaires" qui sous-entend que toute personne effectuant des trajets quotidiens entre son domicile et son travail serait... un migrant !), mais aussi une telle question nécessite d'avoir une approche réflexive et englobante des phénomènes mobilitaires et migratoires.

Concernant plus spécifiquement les migrations, les ressources (et notamment les manuels scolaires) invitent bien trop à en limiter la lecture, et ainsi l'esprit critique des élèves, en restreignant cette question aux déplacements "Suds"/"Nords". S'il ne faut pas les minimiser, il faut d'abord rappeler que la grande majorité des migrations internationales (par franchissement d'une frontière internationale) se fait "de proche en proche", c'est-à-dire par le franchissement d'une seule frontière interétatique. Il est nécessaire que les élèves puissent quantifier ces déplacements, pour avoir une approche critique sur les discours fantasmant actuellement une "invasion migratoire", dans des "Nords" tels que l'Union européenne ou les États-Unis (voir notamment : Luc Cambrézy, Smaïn Laacher, Véronique Lassailly-Jacob et Luc Legoux (dir.), 2008, L'asile au Sud, La Dispute, Paris). Qu'il s'agisse de migrants de manière globale (document n°1) ou de réfugiés de manière spécifique (document n°2), les déplacements se font sur des parcours restreints dans leur majorité.

Afin de faire travailler les élèves sur les migrations avec esprit critique, il est donc essentiel d'amener les "migrations heureuses", c'est-à-dire d'aborder en classe ces migrations économiques (à la recherche de meilleures conditions de vie, notamment par un emploi bien rémunéré, soit en tant que tel, soit par rapport au niveau de vie dans le pays d'installation, soit les deux conditions réunies). Ces migrations concernent des personnes qui semblent dépourvues du statut de migrant (comme si le mot en lui-même était porteur de négativité, alors qu'il s'agit d'un terme neutre désignant un changement de résidence), pour obtenir celui, plus poétique et "aventurier", d'expatrié. Il s'agit, pourtant, bel et bien de migrants économiques, dont les déplacements, s'ils sont choisis, répondent d'une volonté d'obtenir de meilleures conditions de vie.

À ce propos, voici quelques infographies et cartes pour faire travailler les élèves sur cette dimension de la question migratoire. S'il ne s'agit pas d'en exagérer l'ampleur, il convient néanmoins de ne pas "sortir" la question des expatriés de la question des migrations internationales, notamment pour aborder la question de la libre circulation au sein de l'espace Schengen et de l'importance numérique des arrivants européens parmi les entrants sur le sol français chaque année (document n°3).