8 mars : femmes géographes

Pour célébrer la journée internationale des droits des femmes (8 mars), voici quelques ressources pour découvrir la place des femmes dans la discipline géographique, non en tant qu'objet géographique, mais en tant que géographes.

La géographie est une discipline qui se féminise, avec des jeunes géographes qui participent au renouvellement des champs de la discipline, mais le cheminement des femmes dans la discipline a été long et marqué par une forte discordance entre la place des femmes dans les études de géographie et la place des femmes dans l'enseignement universitaire de la géographie. Ainsi, Nicolas Ginsburger note que "à la veille de la Seconde Guerre mondiale, la géographie universitaire française est féminisée à hauteur d'un tiers de ses étudiants, mais ses enseignants sont encore tous des hommes" (Nicolas Ginsburger, 2017, "Portrait en groupe de femmes-géographes. La féminisation du champ disciplinaire au milieu du XXe siècle, entre effets de contexte et de structure (1938-1960)", Annales de géographie, n°713, pp. 107-133).

Ce long cheminement pour la légitimité scientifique des femmes dans la géographie n'est en rien spécifique à la discipline, et témoigne d'un long cheminement pour la reconnaissance des femmes dans l'ensemble de la communauté scientifique. À partir des années 1960, s'ouvre, pour Nicolas Ginsburger, une période de changements : "entre 1960 et 1990, les variations de la problématique féminine sous deux angles différents : les femmes en tant que sujets et actrices du champ disciplinaire (la féminisation des effectifs de géographes, leurs positions et leur participation directe aux évolutions institutionnelles et scientifiques de la communauté disciplinaire) et en tant qu’objets d’études et de recherches (par exemple la féminité comme facteur géographique)" (Nicolas Ginsburger, 2017, " Femmes en géographie au temps des changements. Féminisation et féminisme dans le champ disciplinaire français et international (1960-1990)", L'Espace Géographique, tome 46, n°3/2017, pp. 236-263).

Néanmoins, on peut regretter la faible place de ces femmes pionnières (Raymonde Séchet, Renée Rochefort, Denise Pumain, Jacqueline Beaujeu-Garnier, Jacqueline Bonnamour, etc.) et des femmes géographes actuelles dans les "tableaux" de l'histoire de la géographie, témoins d'une domination qui reste fortement ancrée dans l'histoire de la discipline. Cela peut constituer une piste pour réfléchir à les retravailler pour intégrer plus les travaux de l'ensemble des géographes !