Depuis 2001, une journée mondiale des toilettes est organisée le 19 novembre.
Environ 2,4 milliards d'individus n'ont pas accès aux toilettes dans le monde aujourd'hui. "En milieu rural, plus d’un milliard de personnes défèquent à l’air libre, en dépit des risques sanitaires pour la famille et la communauté" d'après l'OMS. L'accès aux sanitaires est révélateur des inégalités de développement, et ce à toutes les échelles. La pauvreté se définit comme la situation où le manque de biens et de revenus ne permet pas de mener une vie décente, ni de satisfaire ses besoins essentiels.
Cette journée mondiale peut être l'occasion de confronter les élèves à un sujet "amusant" de prime abord et à la violence des inégalités telle qu'elle s'inscrit dans les territoires du quotidien, produisant de profondes inégalités sanitaires. Pour les élèves les plus jeunes, la question des toilettes peut être une manière très concrète de comprendre ce que signifie, dans la définition de pauvreté, de ne pas pouvoir mener une vie décente. Voici donc quelques ressources autour de la géographie des toilettes.
Une géographie mondiale des toilettes
Source : Philippe Rekacewicz, 2010, "Petite géographie des toilettes", Le monde diplomatique, janvier 2010, en ligne : https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/tabouexcrements
Titres des cartes :
- Petite géographie des toilettes
- Accès à des services sanitaires convenables en 2006
- Toujours 2,5 milliards de personnes sans toilettes décentes / La diarrhée, deuxième cause de mortalité des enfants
- Nombre de cas de choléra rapportés par l'OMS en 2007-2009
Les toilettes, révélateurs des inégalités de richesse
L'accès aux toilettes en Inde
Source : "Population et développement en Inde (2/2)", manuel Histoire-Géographie 5e, Le Livre scolaire, p. 186, en ligne : https://www.lelivrescolaire.fr/manuel/1170224/histoire-geographie-5e-2016/chapitre/1170417/la-croissance-demographique-et-ses-effets/page/1170423/population-et-developpement-en-inde-2-2/lecon
Les toilettes à Khayelitsha dans la banlieue du Cap (Afrique du Sud)
Source : Photographies de Masixole Feni, publiées dans : Philippe Rivière, 2014, "À Khayelitsha, l'eau, l'orage et les toilettes", Visions cartographiques, 4 juillet 2014, en ligne : https://visionscarto.net/khayelitsha-eau-orage-toilettes
Extrait du texte :
"La « guerre des toilettes » est l’un de ces sujets de consternation : depuis des années les résidents demandent qu’on supprime l’infâme « système du seau » (bucket system), des toilettes sèches ramassées très aléatoirement, qui véhiculent miasmes et maladies jusque dans les crèches pour enfants… La ville fait aussi régulièrement des effets d’annonce, clame vouloir remplacer les toilettes par des systèmes plus sains, et rejette sur les résidents la responsabilité des déprédations qui les rendent inutilisables. Entre agitations et manipulations, sur le terrain médiatique comme politique, les habitants doivent affronter les inondations d’eau souillée. Ils attendent toujours des résultats concrets."
Les toilettes : une approche par la géographie culturelle et la question du genre dans l'espace public
"Les toilettes", cours en ligne du géographe Jean-François Staszak dans le MOOC Frontières en tous genres de l'Université de Genève (durée de la vidéo : 6'04 minutes), en ligne : https://fr.coursera.org/lecture/geographie-politique-culturelle-frontieres/les-toilettes-I7Coo
Début du cours :
"Pour cette séquence, je vous promène dans les couloirs du département de géographie de l'Université de Genève parce que je voudrais vous emmener dans un endroit qui est l'idéal pour réfléchir sur le masculin, le féminin et leur présence dans l'espace public. Cet endroit, ce sont les toilettes. Alors, pourquoi ai-je décidé de vous emmener aux toilettes ? Eh bien parce que les toilettes, de toute évidence, c'est un lieu où il y a du masculin, il y a du féminin, il y a de l'espace public, et une vraie frontière entre le masculin et le féminin puisque les toilettes, souvent, ne sont pas mixtes. Il y a des toilettes pour hommes et des toilettes pour femmes. On trouve cela bien naturel. Alors, à la vérité, déjà il faut se réjouir qu'il y ait des toilettes parce que pendant longtemps il n'y avait pas de toilettes pour femmes dans l'espace public, parce que les femmes n'étaient pas censées aller dans l'espace public. On peut imaginer aussi que cela fonctionnait dans l'autre sens parce qu'évidemment, s'il n'y a pas de toilettes pour femmes dans l'espace public, ça n'incite pas les femmes à s'y déplacer. Les femmes devaient donc rester à la maison. Mais, maintenant, grand progrès, on a des toilettes pour hommes et des toilettes pour femmes dans l'espace public, et ça nous semble une évidence. Cette évidence, pourtant, elle mérite d'être questionnée car ça pourrait se passer autrement. Quelles sont les raisons qui font que, fondamentalement, on a besoin d'aller dans des endroits différents pour y faire les choses qu'on a à y faire ? Pourquoi les hommes et les femmes ne peuvent pas cohabiter dans des toilettes communes ?"
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