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Observer et questionner les élèves dans Devoirs faits : un levier pour comprendre les difficultés des élèves dans la liaison dans/hors la classe

Questionnaire Élèves Devoirs faits par Benedicte Tratnjek

Conçu à la suite d'une commande du C.A.R.E.C. (Centre académique de ressources pour l'égalité des chances) de l'académie de Grenoble accompagnant ma mission de coordonnatrice du réseau d'éducation prioritaire Annemasse 1, ce questionnaire permet d'interroger l'expérience élèves dans le dispositif Devoirs faits.

 

Le questionnaire proposé a été conçu à partir de la grille d'entretien-diagnostic du C.A.R.E.C. de l'académie de Grenoble (pages 1 et 4) et des outils de mesure de la motivation scolaire proposés par ProMoBe (Promouvoir la motivation et le bien-être à l'école - Université de Grenoble) (pages 2 et 3).

 

Le questionnaire porte sur trois axes :

  • l'engagement,
  • la motivation,
  • la réalisation d'une tâche.

POURQUOI QUESTIONNER SES PRATIQUES PÉDAGOGIQUES ?

 

Ce questionnaire ne vise certainement pas à juger les intervenants du dispositif, mais à permettre d'observer les élèves, leur entrée dans la tâche scolaire, leur appréhension et leur appropriation du travail personnel hors la classe, leur engagement et leur motivation face au dispositif.

 

Observer, écouter et questionner les élèves permet de comprendre l'expérience élèves, afin de remédier à nos pratiques pédagogiques pour les rendre plus efficaces et équitables. Ainsi, l'observation et le questionnement des élèves peuvent être un levier pour :

  • interroger l'efficacité de pratiques pédagogiques et éventuellement ajuster celles-ci,
  • s'interroger sur la pertinence et l'utilité des tâches proposées et sur leur cohérence au sein d'une séquence, afin de penser d'éventuelles remédiations,
  • prendre en compte la diversité des élèves dans les pratiques pédagogiques,
  • apprendre à renoncer à des dispositifs/actions/pratiques pédagogiques dont l'efficacité n'est pas efficiente.

Ces médiations langagières s'appuient sur plusieurs ressources théoriques et de leurs applications pratiques, et notamment les entretiens d'explicitation proposés par Pierre Vermersch (voir un mur de ressources sur l'entretien d'explicitation ci-dessous), ainsi que le répertoire de médiations langagières proposé par le C.A.R.E.C. de l'académie de Grenoble.

 

 

 

POURQUOI UN QUESTIONNAIRE SUR LE DISPOSITIF "DEVOIRS FAITS" ?

Avec l'appui du C.A.R.E.P. de l'académie de Grenoble, le dispositif "Devoirs faits" a été questionné comme un levier pour penser les liens entre le travail personnel de l'élève dans et hors la classe. Par-delà le contexte de l'éducation prioritaire dans lequel ce questionnaire a été réalisé, il s'agit de partir d'un constat plus global en termes d'apprentissage : des élèves engagés en classe ne le sont pas nécessairement hors la classe. Il n'est pas rare pour les enseignants d'être surpris des résultats scolaires de nombreux élèves qui sont très engagés dans leur travail personnel en classe. Il existe pour de nombreux élèves un écart fort entre ce qui se passe dans la classe et ce qui est fait hors la classe.

 

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cet écart, d'après les travaux de recherche montrant que les devoirs à la maison renforcent les inégalités sociales (voir notamment la vidéo de Julien Netter : "Les devoirs à la maison dans les familles populaires et les dispositifs d'aide aux devoirs : Division du travail et inégalités d'apprentissage"), parmi lesquels :

  • un désengagement de l'élève dans son travail personnel hors la classe en raison de difficultés de compréhension face aux tâches requises (qui a pu, d'année scolaire en année scolaire, pousser l'élève à renoncer à ce travail pour ne plus vivre des situations d'échec),
  • des malentendus cognitifs qui amènent une inadéquation entre ce qui est fait par l'élève hors la classe et ce qui est attendu de lui (voir notamment les ouvrages de Stéphane Bonnery sur la difficulté scolaire et de Séverine Kakpo sur les devoirs à la maison).

Ainsi, le Centre Alain Savary (Institut français de l'éducation) suggère de "faire de l'aide au travail personnel un objet de réflexion collectif" (article "Dispositif Devoirs Faits : révélateur des difficultés de transmission de l'information ?"). Par exemple, le collège R.E.P. Gambetta de Saint-Étienne (académie de Lyon) a partagé son protocole pour observer le dispositif Devoirs faits. Les traces de l'activité des élèves sont une part entière de cette observation et participe de l'analyse de l'efficacité du dispositif.

 

Néanmoins, les traces de l'activité des élèves ne sont pas suffisantes pour analyser le dispositif : l'expérience élèves doit être mise au centre de cette analyse, par le recueil des représentations et du vécu des élèves. Les questionnaires proposés ici, mis en place dans le collège Michel Servet (Annemasse, Haute-Savoie, académie de Grenoble, éducation prioritaire) permettent de recueillir la parole des élèves pour penser les pistes de remédiation au dispositif Devoirs faits lui-même afin de le rendre davantage opérationnel, mais aussi et surtout pour enclencher à l'échelle de l'établissement scolaire une réflexion sur les devoirs à la maison (utilité, finalité, modes de transmission).

 

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